Quelle distillerie visiter à Dublin
La production du whisky fait partie intégrante du patrimoine culturel irlandais. Tradition ancrée depuis des siècles sur l’île, elle a fait la renommée de l’Irlande à travers le monde. Après une crise qui a failli faire disparaître une industrie autrefois florissante, le whisky irlandais connaît un renouveau, symbolisé par l’installation de plusieurs distilleries au centre même de Dublin, invitant les amateurs et les curieux à plonger dans cet univers captivant.
Quelle distillerie visiter à Dublin ? Au cours de mes récentes explorations urbaines, j’ai eu l’opportunité de toutes les visiter, chacune avec son histoire unique à raconter et des saveurs distinctes à offrir. Dans cet article, je vous présente ces distilleries qui ont rouvert leurs portes à Dublin pour célébrer et perpétuer la tradition du whisky irlandais. Si vous prévoyez une visite à Dublin, ne manquez pas cette occasion de découvrir quels sont les secrets de fabrication qui se cachent derrière chaque goutte de cet élixir emblématique de l’Irlande.
Le renouveau du whisky à Dublin | Quelques éléments de contexte
Trouvant la porte ouverte, j’ai jeté un coup d’œil dans la cour de la NCAD sur Thomas Street. On m’avait dit que je pourrais trouver un vieil alambic en cuivre derrière les murs de l’école d’art la plus éminente de Dublin. Reposant à l’air libre comme une sculpture d’art moderne, j’ai découvert le brillant artefact, désormais un rappel silencieux qu’une des plus grandes distilleries de Dublin avait autrefois occupé les lieux : la distillerie Powers.
Au XIXᵉ siècle, le whisky irlandais dominait le monde, renommé à la fois pour sa qualité et son caractère. Mais tout s’effondra au début du XXᵉ siècle. La prohibition aux États-Unis, l’indépendance de l’Irlande en 1922, la concurrence du whisky écossais – associées à l’incapacité des distillateurs irlandais à s’adapter – sonnèrent le glas de toutes les distilleries de Dublin. Une par une, elles se turent, la dernière d’entre elles fermant dans les années 1970.
Cependant, quelque chose de remarquable s’est produit ces dernières années. Les Liberties, un quartier de Dublin où jadis résonnaient les plus grands noms du whisky irlandais tels que Powers, Jameson et Roe, a finalement renoué avec son passé. Grâce à un intérêt renouvelé pour le whisky irlandais, des distilleries sont revenues s’installer dans les Liberties et ouvrent leurs portes aux visiteurs.
Quelle distillerie visiter à Dublin ?
Quatre distilleries sont à découvrir lors de sa visite à Dublin, toutes facilement accessibles à pied depuis le centre-ville.
La distillerie Teeling – Une histoire familiale vieille de 200 ans
Teeling est la figure de proue de ces nouvelles distilleries qui se sont réinstallées dans l’espace urbain dublinois. Symbole du renouveau de la marque, c’est un phénix déployant ses ailes que l’on aperçoit sur la façade de la distillerie construite dans le quartier des Liberties il y a tout juste quelques années.
Fer de lance d’une nouvelle génération de producteurs de whisky irlandais, la distillerie Teeling est la première à s’installer dans la capitale irlandaise en 125 ans. Plus qu’une naissance, c’est un retour aux origines pour Teeling, d’où le choix de l’oiseau mythique qui renaît de ses cendres comme logo de la marque. Walter Teeling avait en effet établi sa distillerie dans le Triangle d’Or, le quartier historique des distillateurs de Dublin, en 1782, jusqu’à ce qu’elle ne soit rachetée par William Jameson un siècle plus tard.
Les descendants de Walter Teeling sont maintenant de retour en ville. Deux frères, Jack et Stephen Teeling, ont ouvert leur toute nouvelle distillerie en 2015, à quelques rues seulement du site où se trouvait autrefois celle de leur aïeul.
Une fois à l’intérieur, la visite guidée commence par présenter aux visiteurs l’histoire fascinante du nom Teeling. Ils sont ensuite dirigés dans le ventre de la bête où l’odeur de l’orge vient immédiatement titiller les narines. La première partie du processus de fabrication du whisky est révélée ici, les grains d’orge voyageant des cuves aux fermenteurs, transformés alors en une épaisse mixture.
La température environnante augmente soudainement lorsque vous entrez dans une deuxième pièce où se dressent trois immenses alambics en cuivre, « The Three Sisters« , tendrement baptisés du nom des filles de Jack Teeling : Alison, Natalie et Rebecca. À l’intérieur de leurs ventres arrondis, la mixture fermentée semblable à de la bière, constituée d’orge, d’eau et de levure, est chauffée jusqu’à ce que l’alcool se vaporise et se condense de nouveau en liquide.
La version finale du spiritueux, encore transparent, est placée dans d’anciens fûts pendant au moins trois ans, lui donnant sa couleur et son goût. Teeling est audacieux dans ce domaine, expérimentant avec des fûts de rhum, de vin rouge, de sherry et de porto, pour n’en nommer que quelques-uns. Le travail de l’entreprise a depuis été reconnu au plus haut niveau, les fondateurs ayant remporté le prix du Meilleur Single Malt au World Whiskies Awards en 2019.
La visite guidée de la distillerie Teeling se conclut par une séance de dégustation de whisky de la marque. J’ai fait de mon mieux pour cacher mon inconfort alors que l’alcool me brûlait lentement le fond de la gorge. Le cocktail gratuit qui a suivi a été beaucoup mieux accueilli ! Depuis son ouverture, la visite de Teeling s’est affirmée comme l’un des incontournables de Dublin.
Distillerie Teeling // 13-17 Newmarket, Dublin 8 // Réservez votre visite ici.
La distillerie Pearse Lyons – L’influence américaine
Je ne suis pas une personne religieuse, mais par une matinée d’hiver ensoleillée, je me suis pourtant rendu à l’église. Attention, il ne s’agit pas de n’importe quelle église. Celle-ci est très spéciale.
Remontant à la fin du XIIᵉ siècle, l’église St-James, dans le quartier des Liberties, sert autrefois de point de rassemblement pour les pèlerins irlandais se rendant à Saint-Jacques-de-Compostelle, dans le nord de l’Espagne. Cependant, le temps fait son œuvre et, abandonnée, l’église St-James voit vu son clocher endommagé par la foudre et son cimetière envahi par la végétation.
Jusqu’à ce que le Dr Lyons et sa femme n’interviennent. Ancien brasseur et distillateur avec un doctorat en biochimie, le Dr Lyons s’était installé aux États-Unis où il avait fondé la multinationale Alltech. Revenu en Irlande avec le rêve de créer sa propre distillerie, il achète l’église désaffectée St-James. La rénovation minutieuse de ce bâtiment classé dure quatre ans et c’est en 2017 que la nouvelle distillerie ouvre finalement ses portes.
Me tenant au pied de la distillerie Pearse Lyons sur James’s Street, j’ai été stupéfait par l’église nouvellement rénovée. En levant les yeux, on peut apercevoir le ciel bleu à travers son clocher avant-gardiste fait de panneaux de verre. À ses pieds, l’ancien cimetière est maintenant dégagé des herbes sauvages. Pendant les travaux de rénovation, le Dr Lyons a découvert neuf membres de sa famille enterrés ici, dont son propre grand-père, créant ainsi un lien émotionnel particulier avec l’endroit.
À l’intérieur de l’église, deux alambics en cuivre occupent le devant de la scène, reflétant la lumière tamisée des vitraux colorés qui illustrent l’histoire de la fabrication du whisky. Les alambics, venus du Kentucky, ont une forme inhabituelle. Celui qu’on appelle « Mighty Mollie » a quelque chose qui ressemble à une boule dans la gorge, tandis que sa compagne, « Little Lizzie », a des plaques de rectification dans son cou, un design courant aux États-Unis.
Le single malt doublement distillé est ensuite vieilli dans des fûts de bourbon importés d’une distillerie sœur basée au Kentucky ; leur mission : produire un whisky irlandais « avec une note de Kentucky ».
La visite guidée de la plus petite distillerie de Dublin s’achève par une dégustation de l’alcool fabriqué dans ce nouveau lieu sacré du whisky irlandais, une visite hors des sentiers battus à Dublin à ne pas manquer. J’ai eu la chance de déguster trois échantillons du whisky Pearse Lyons et j’ai été ravi d’apprendre qu’ils se mariaient bien avec le chocolat ! Un gin produit par la distillerie Pearse Lyons figure également au menu, et j’en suis tombé sous le charme. La rédemption spirituelle pourra attendre encore un peu. Sláinte !
Distillerie Pearse Lyons // 121-122 James’s Street, Dublin 8 // Réservez votre visite ici.
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La distillerie Roe & Co – La renaissance d’un grand nom
Alors que je descendais Thomas Street, une rue animée dans le quartier des Liberties, je me suis arrêté devant un ancien moulin à vent de 30 mètres de haut, sans ailes et recouvert d’un dôme de cuivre vert délavé. La tour Saint-Patrick, comme on l’appelait désormais, se démarquait du paysage urbain constitué d’immeubles de briques, de boutiques et de bureaux.
La tour est le seul vestige encore debout de l’ancienne distillerie Roe, un nom qui jadis dominait les Liberties, rivalisant avec deux autres grands producteurs de whisky : Jameson et Powers. La richesse de la famille Roe était telle qu’Henri Roe fit don de 230 000 livres (soit 35 millions d’euros) dans les années 1870 pour sauver la cathédrale Christ Church de Dublin au bord de l’écroulement. Mais celui qui était devenu dans les années 1880 le plus grand producteur de whisky du pays ne survécut pas au déclin qui frappa l’industrie au début du XXᵉ siècle. La distillerie ferma ses portes en 1923.
En 2019, le nom Roe refait surface. Dans l’ancienne centrale électrique Guinness, sur la rue même où se trouvait autrefois l’entreprise Roe, une nouvelle distillerie ultramoderne Roe & Co ouvre ses portes, grâce à l’appui financier du propriétaire de Guinness, Diageo.
La visite guidée commence dans l’élégante boutique de la distillerie aux étagères garnies de bouteilles de whisky brun doré et meublée de canapés verts très chics, une référence évidente au dôme de cuivre de la tour St-Patrick. Après une brève leçon d’histoire sur la fondation de la distillerie Roe, le guide conduit les visiteurs sur une passerelle surplombant l’ensemble des installations.
Comme des poupées russes, trois alambics en cuivre sont alignés, du plus grand au plus petit, leurs ventres en forme d’oignon reflétant la lumière naturelle qui traverse d’immenses fenêtres industrielles. Auprès d’eux s’affairent des techniciens et ingénieurs, s’occupant de la machinerie et des cuves de fermentation en bois.
La dégustation du whisky a lieu dans la salle 106, nommée ainsi d’après la 106ᵉ et dernière version de whisky Roe que le maître-assembleur, Caroline Martin, a créée pour la marque. Le groupe de visiteurs examine alors les différentes couleurs et textures avant d’utiliser leurs nez et papilles gustatives pour analyser chaque échantillon de whisky posé devant eux.
Le nouveau whisky Roe a été conçu pour se marier parfaitement aux cocktails. Appréciant la mixture en question, j’ai été plus que ravi d’en découvrir les secrets de la fabrication. Tablier enfilé, les visiteurs sont invités à prendre leur place dans une salle qui rappelle le laboratoire de sciences d’un lycée — mais en beaucoup plus chic.
Suivant les instructions du guide, dans une atmosphère empreinte à la fois d’excitation et d’inquiétude, les participants travaillent à créer leurs propres cocktails à partir d’une série d’ingrédients alignés devant eux. On verse, on mélange, on goûte. Heureusement, ma mixture est plutôt réussie ! Si vous passez deux jours à Dublin avec un groupe d’amis, l’atelier cocktail est une activité amusante à faire.
La visite se termine dans le bar élégant de la distillerie baigné d’une lumière dorée et chaleureuse. Une boisson gratuite est offerte. Bien sûr, je n’ai pas pu résister au délicieux cocktail du jour. Je n’en étais plus à un verre près.
Distillerie Roe & Co // 92 James’s Street, Dublin 8 // Réservez votre visite ici.
Dublin Liberties Distillery – Un nom en devenir
J’ai découvert cette distillerie par hasard alors que je faisais des recherches pour cet article. La Dublin Liberties Distillery ne faisait pas la une des médias, ne se vantait d’aucune caractéristique architecturale particulière et n’était associée à aucun nom célèbre. Elle se la jouait discrète et mystérieuse.
La Dublin Liberties Distillery s’est installée sur Mill Street, une vieille ruelle du quartier des Liberties, à l’ombre de la distillerie Teeling voisine. Ouverte au début de 2019, elle se cache derrière la façade en briques d’un bâtiment vieux de 300 ans élégamment rénové qui avait été, entre autres choses, une tannerie.
Désireuse de se démarquer des autres distilleries de Dublin, la Dublin Liberties Distillery s’est assurée d’avoir sa propre eau de source, un ingrédient clé dans le processus de fabrication du whisky. Sous la direction de Darryl McNally, un maître distillateur avec près de 20 ans d’expérience acquise à la célèbre Bushmills en Irlande du Nord, la nouvelle distillerie ne laisse rien au hasard.
La visite de la distillerie démarre dans une pièce remplie de cuves d’acier où l’odeur familière de l’orge vient immédiatement envahir les narines des visiteurs. À l’intérieur des cuves, la céréale trempe dans une eau tiède, libérant ses sucres. Mélangés à de la levure, les sucres sont ensuite transformés en alcool dans les fermenteurs.
Dans la pièce d’à côté, l’air semble se remplir d’alcool et la température ambiante élevée rend l’atmosphère quelque peu inconfortable. Pourtant, on ne peut détacher ses yeux des trois magnifiques alambics en cuivre brillant comme des Bouddhas dorés dans un temple. À l’intérieur de chacun d’eux, l’alcool est lentement séparé de l’eau et purifié.
La visite se termine sous de vieilles poutres, installé à une longue table en bois, pour déguster les produits de la distillerie. À chaque nouvelle visite, je me laissais de plus en plus séduire par les charmes du whisky irlandais. Cette fois-ci, j’ai préféré la saveur plus douce du Dubliner vieilli en fûts de bourbon alors que le goût épicé du Oak Devil mettait le feu à ma gorge.
Dublin Liberties Distillery // 33 Mill Street, Dublin 8 // Réservez votre visite ici.
La distillerie Jameson à Dublin : mon avis
La distillerie Jameson à Dublin vaut-elle que l’on s’y attarde ? J’ai visité Jameson deux fois. La première fois il y a une quinzaine d’année et une seconde fois plus récemment. D’une distillerie, Jameson n’en a plus que le nom, à mon humble opinion.
Certes, la marque ne produit plus sur son site de Dublin depuis plusieurs années, mais on aurait pu espérer découvrir les anciennes installations durant la visite. Je vous avertis donc : vous ne verrez rien des cuves et autres alambics.
Avec ses effets de lumière et sonores très bien conçus, la visite est divertissante. On apprend l’histoire de la distillerie et le processus de fabrication du whisky, mais tout reste très artificiel avec un objectif marketing bien trop évident. L’authenticité a fait place à une démonstration de vente too much.
Si vous voulez découvrir la “vraie” distillerie Jameson, c’est à la distillerie de Midleton à Cork qu’il faut vous rendre. C’est là où tout se passe, de la découverte des énormes alambics à la dégustation des whiskys Jameson. Mon conseil : passez votre chemin, il n’y a (pratiquement) rien à voir à Dublin.
Carte des distilleries à visiter à Dublin
Si vous préférez participer à une dégustation de whisky dans l’ambiance des pubs de la capitale, des visites sont aussi organisées. Voici quelques options :
Visiter au moins l’une des quatre distilleries de Dublin devrait figurer sur votre liste de choses à faire dans la capitale irlandaise. La fabrication du whisky fait partie intégrante de l’histoire de l’Irlande et il est excitant de voir cette tradition bénéficier d’un nouveau souffle, redonnant vie à l’un des quartiers les plus anciens de Dublin.
Pour plus d’idées d’activités et d’inspiration, n’hésitez pas à consulter mon guide voyage de Dublin !
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